Alexandre Lengereau, président et co-fondateur d'Amadeis, revient pour Séverine Leboucher, journaliste d'Option Finance, sur la conversion en cours des fonds euro d'assurance vie à l'investissement durable.
Extrait de l'article :
Comme l’ensemble du marché de l’épargne, l’assurance vie cherche à se convertir à l’investissement responsable. Si les progrès sont visibles sur les gammes d’unités de compte, ils sont moins évidents pour les fonds en euros qui représentent pourtant 28 % de l’épargne financière des ménages. Seuls 5 % de leurs actifs sont investis dans des titres verts. De fait, les obstacles à leur conversion sont nombreux.
Support préféré des épargnants français, l’assurance vie a franchi au 1er janvier 2022 une étape supplémentaire dans sa conversion à l’investissement responsable. En effet, depuis cette date, les assureurs sont tenus par la loi Pacte de proposer dans leur catalogue d’unités de compte (UC) au moins un fonds labellisé dans chacune des catégories de labels responsables existants : ISR, Greenfin et Finansol. Jusqu’à présent, il leur suffisait de proposer au moins un fonds dans l’une ou l’autre de ces catégories. Largement anticipée, cette évolution a conduit à une forte progression de l’offre d’UC responsables (lire encadré) et de leurs encours : selon une étude publiée par France Assureurs en octobre, 74 milliards d’euros sont placés sur ce type de support à fin 2020, un chiffre en hausse de 17 % sur un an.
Toutefois, il est encore trop tôt pour affirmer que l’assurance vie française s’est largement convertie à l’ESG. Si les progrès sont visibles sur les UC, la situation est moins claire pour les fonds en euros. Ceux-ci restent pourtant le navire amiral de l’assurance vie : malgré leur déclin ces dernières années dans un univers de taux bas, ils continuent tout de même de peser 1 653 milliards d’euros mi-2021, soit 28 % de l’épargne financière des ménages selon la Banque de France. Un chiffre à mettre en regard des 458 milliards d’euros placés en unités de compte. Or la transformation responsable des fonds en euros est plus difficile à évaluer.
La transparence des assureurs est tout d’abord moindre :
Les fonds en euros sont un sous-ensemble de l’actif général d’un assureur mais sans que les actifs concernés ne soient juridiquement cantonnés. Réaliser un reporting précis sur les supports en euros n’est donc pas simple pour l’assureur.
Alexandre Lengereau, président d'Amadeis
Sans inventaire exhaustif des actifs du portefeuille, difficile de pratiquer une analyse ESG aussi rigoureuse que celle menée sur les organismes de placement collectif. L’essentiel des informations communiquées par les assureurs vie porte ainsi sur leur actif général dans son ensemble.
Plus largement, les contraintes de gestion induites par la garantie du capital rendent les fonds en euros très difficiles à manœuvrer. Les contraintes de passif pèsent lourd et la gestion dite « buy and hold » ralentit aussi le processus.
La gestion des fonds en euros est peu active : les titres sont la plupart du temps détenus jusqu’à maturité et il y a moins d’opportunités d’arbitrage permettant de se repositionner sur des actifs plus responsables.
Alexandre Lengereau
Il faut généralement attendre les tombées obligataires, c’est-à-dire le remboursement à échéance d’une dette, pour agir.
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