Article d'Option Finance du 19/09/2022 :
Après un premier semestre calamiteux et un rebond notable cet été, le marché des obligations corporate européennes fait face à une rentrée des plus difficiles. Entre, d’un côté, l’accélération du resserrement monétaire et la perspective d’une récession, et, de l’autre, la solidité des bilans des entreprises et l’attractivité des valorisations, les gérants peinent à se positionner.
Séverine Leboucher (Option Finance) : Comment les investisseurs institutionnels ont-ils réagi à la hausse des taux ?
Frédéric Petiniot (Amadeis) : L'ampleur et la vitesse de la hausse des taux a surpris beaucoup de monde. Si une hausse avait bien été anticipée, elle s'inscrivait plutôt comme une réponse à une inflation transitoire avec des portefeuilles légèrement sous-sensibles. Depuis, assez peu de mouvements ont été effectués, si ce n'est en renforçant la sous-sensibilité des portefeuilles. En valeur de marché, les actifs obligataires, dans lesquels les institutionnels ont investi, ont ainsi beaucoup souffert. Pour les fonds à échéance, les taux de défaut n'ont pas augmenté et les investisseurs n'ont donc pas de raison de désinvestir pour le moment.
SL : Quand sont-ils susceptibles de se repositionner à l'achat ?
FP : Ils ont besoin d'avoir la conviction que les hausses de taux à venir ne seront plus très importantes. Jusque-là, ils manquaient de visibilité sur la manière dont les banques centrales allaient arbitrer entre la lutte contre l'inflation et la préservation de la croissance. Les annonces récentes et à venir vont donner le tempo pour la fin d'année et l'an prochain. Si elles sont cohérentes avec leurs attentes, ils pourraient se décider à revenir sur les marchés, avec des points d'entrée attractifs.
SL : Avec la hausse des rendements sur les obligations cotées, la dette privée devient-elle moins attractive ?
FP : Le déploiement des investissements en dette privée est progressif, ce qui lisse naturellement les niveaux de taux auxquels les investisseurs rentrent. En outre, ce sont des financements généralement à taux variable, contrairement aux obligations cotées, ce qui les immunise contre la hausse des taux.
Pour l'instant, les institutionnels maintiennent leurs programmes d'investissements en dette privée pour la protection qu'elle offre, tout en étant vigilants à l'égard de l'évolution du taux de défaut. Et il faudra que les primes d'illiquidité offertes augmentent pour que la classe d'actifs reste attractive.
Frédéric Petiniot, Amadeis
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